
10 % des personnes ont des calculs rénaux au cours de leur vie, avec un taux de rechute de 50 % dans les 5–10 ans. Ils peuvent provoquer des coliques néphrétiques dont les douleurs insupportables conduisent aux urgences. Une alimentation naturelle et l’éviction de certains aliments en fonction du type de calculs diminue le risque de récidive. Et avant tout, buvez de l’eau, beaucoup d’eau, plus de 1,5 litre par jour !
Sommaire
- Définition
- Symptômes
- Causes
- Composition des calculs
- Quelle eau boire ?
- Jus de fruits et autres boissons sucrées
- Alcool, café, thé et tisanes
- Quels aliments éviter ?
- Quels aliments manger ?
- Quel régime alimentaire ?
- Les calculs dus à trop de calcium
- Les calculs dus à trop d’oxalate
- Liste d’aliments riches en oxalate
- Les calculs d’acide urique
- Les examens
- Les bandelettes urinaires
- Les plantes
- Recommandations
Définition
Un calcul rénal est une agrégation de cristaux qui aboutit à la création d’un ‘caillou’ de quelques millimètres à plusieurs centimètres. La présence de calculs dans les reins, également appelée lithiase urinaire ou urolithiase, touche en moyenne 2 hommes pour 1 femme, en France. Une des fonctions des reins est de filtrer le sang apporté par l’artère rénale. Ainsi, ils éliminent certains déchets du corps via l’urine. La sursaturation urinaire d’un ou plusieurs minéraux provoque la genèse du calcul. Le manque d’hydratation et les excès alimentaires sont les premières causes des calculs. Lorsque les calculs de taille supérieure à 4 millimètres migrent dans l’uretère (le canal reliant le rein à la vessie) et se coincent, ils provoquent des douleurs intenses. C’est la crise de colique néphrétique, symptôme le plus connu des calculs.
Symptômes
Les calculs rénaux n’entraînent aucun symptôme tant qu’ils n’obstruent pas l’uretère ou ne provoquent pas d’infection urinaire. S’ils sont de petite taille, ils peuvent s’éliminer naturellement sans douleur. Ils sont généralement découverts lors de coliques néphrétiques. Elles se manifestent par des douleurs lombaires accompagnées parfois de nausées et de vomissements. Autre signe possible, la présence de sang dans les urines, visible par une coloration rougeâtre ou rosée de l’urine ou par une analyse des urines. Les personnes peuvent ressentir un besoin impérieux d’uriner fréquemment, avec une urine trouble. Enfin, des douleurs lombaires chroniques mal définies nécessitent la recherche d’un calcul. Parfois, ils sont détectés fortuitement lors d’une échographie abdominale ou d’une radio de l’abdomen, pratiquées pour d’autres motifs.

Causes
Un apport trop faible d’eau est la cause cruciale avant toutes les autres. Les excès et l’insuffisance de certains aliments favorisent la saturation des urines en minéraux qui, en quantité dense, s’agrègent. Cela se traduit par des urines foncées. Également, les urines trop ou pas assez acides, mesurée par le PH, favorise la cristallisation. Des pathologies digestives, comme la maladie de Crohn ou la maladie cœliaque, la chirurgie bariatrique comme le pontage gastrique, certains médicaments, augmentent cette saturation. Parmi les maladies génétiques, la lithiase cystinique, rare (moins de 1 %), et l’hyperoxalurie primaire, exceptionnelle, commencent souvent dans l’enfance. Par ailleurs, les calculs rénaux sont associés à l’obésité, au diabète sucré et au syndrome métabolique [1].

Oxalate de calcium monohydraté (a surface; b section)
Oxalate de calcium dihydraté (c surface; d section)
Composition des calculs
Il existe 5 groupes principaux de calculs selon leur composition :
Cependant, au sein d’un même groupe, les causes peuvent être différentes en fonction de leur morphologie. Ainsi, les calculs whewellite, sont causés par une diurèse insuffisante, une mauvaise alimentation ou par une origine digestive. Ils comptent pour environ 50% des calculs en France [2] et arrivent à un âge compris entre 30 et 70 ans. Les calculs weddellite (20 %) surviennent à un âge plus jeune et récidivent plus souvent. Les calculs uriques (15%) nécessitent un changement d’alimentation important pour prévenir les récidives. Les calculs avec struvite (4%) sont causés principalement par les infections des voies urinaires.

Quelle eau boire ?
Un apport d’eau insuffisant est le principal facteur de risque pour la lithiase urinaire. Une quantité adéquate de liquide diminue la concentration et le temps de transit des cristaux dans les reins, ce qui empêche la formation des calculs. Il est conseillé de boire au moins 2 litres de liquide, plus en cas de poids important. L’apport doit être réparti tout au long de la journée et avant d’aller dormir. La transpiration due à l’exposition à la chaleur ou à un niveau d’activité physique élevé, la diarrhée chronique accroissent les besoins en eau. La teneur en calcium et en bicarbonate de l’eau sont des paramètres à contrôler. Ils seront dosés en fonction des apports alimentaires déjà présents. L’eau minérale riche en bicarbonate correspond à un apport de bicarbonate de sodium, ce qui augmente le PH urinaire. Cet effet d’alcalinisation baisse le risque de calculs uriques, mais est contre-indiqué dans la maladie du phosphate de calcium et des calculs de struvite. Le bicarbonate ne doit pas être pris en cas d’hypertension artérielle ou d’insuffisance rénale chronique.
Jus de fruits et autres boissons sucrées
Les citrates peuvent aider à prévenir la formation des calculs. Les jus d’agrumes (citron, orange, pamplemousse), en fournissent en quantité abondante, le citron étant le plus concentré en citrate. Cependant, en raison de la teneur élevée en sucre et du manque de fibres alimentaires des jus, il vaut mieux manger les fruits entiers. Pour les autres jus de fruit, les études sur le jus de canneberge et le jus de pomme donnent des résultats incohérents. Dû à leur teneur en fructose, les sodas augmentent le risque de lithiase rénale [3]. De plus, les colas, acidifiés par l’acide phosphorique, augmentent significativement les calculs récidivants. Enfin, de nombreuses preuves soutiennent les risques pour la santé liés à la surconsommation de certains colorants artificiels, conservateurs, édulcorants et additifs.
Alcool, café, thé et tisanes
La bière, le vin rouge et le vin blanc, consommés avec modération, ne sont pas associés à un risque plus élevé de lithiase urinaire [4]. L’effet diurétique de l’alcool peut favoriser la miction, ce qui diminue le risque de néphrolithiase. Cependant, boire de l’alcool en excès est dangereux pour la santé et peut induire la formation de calculs. Le thé et le café, bien que contenant des oxalates, diminuent les risques. Cet effet bénéfique pourrait être attribué principalement à leur action diurétique, à une augmentation de l’apport hydrique total et à leur richesse en composés phytochimiques. Enfin, les tisanes, à base de plantes diurétiques, diminuent les concentrations des minéraux dans l’urine en augmentant son volume. Parmi celles-ci, notons les feuilles de pissenlit, l’aigremoine, les feuilles de cassis, la verge d’or, les stigmates de maïs et l’orthosiphon.
Quels aliments éviter ?
Le sel (chlorure de sodium) et les sucres (glucides dont le fructose) sont deux facteurs alimentaires qui augmentent la formation des calculs [5]. Les aliments industriels en contiennent une quantité abondante, car ils flattent le palais et ne coûtent pas cher. Les plus grandes quantités ingérées proviennent de ces produits transformés, comme les plats tout prêts. La charcuterie, les produits fumés, le pain, les pizzas, les fromages, les sauces soja comme le tamari et le shoyu, et bien sûr le sel de table apportent aussi du sel. Quant aux sucres, on les trouve dans les pâtisseries, les confitures, les jus de fruits, les barres céréalières, les glaces et les sorbets. Même des produits au goût salé, contiennent des sucres cachés rajoutés par les industriels. Les protéines doivent être consommées en quantité raisonnable. Ces macronutriments sont plus présents dans les aliments d’origine animale comme la viande rouge, les volailles, la charcuterie, les poissons, les crustacés, les œufs et les produits laitiers. Les lentilles, les haricots secs, les pois chiches, les amandes et les noix, le soja fournissent des protéines en quantité moindre.
Quels aliments manger ?
Les légumes et les fruits sont la base d’une alimentation contre les calculs à répétition. Ils permettent de diminuer l’acidité de l’urine, et d’augmenter son volume. Ils apportent des éléments tels que les citrates, le potassium et le magnésium qui inhibent la formation des calculs. Cependant, les légumes riches en oxalate comme les épinards et la rhubarbe seront à éviter pour les calculs de whewellite. Enfin, il faut apporter des aliments riches en calcium en quantité suffisante, mais sans excès, soit environ 1 g par jour. Pas assez de calcium peut conduire à la fragilisation des os, trop de calcium contribue à la formation de calculs. Parmi les produits laitiers, les fromages à pâte dure contiennent le plus de calcium. Les choux, en particulier le chou kale ou frisé, les graines de sésame et les graines de lin moulues, les amandes, le pain complet, les sardines avec les arêtes apportent du calcium.


Quel régime alimentaire ?
Évidemment, les régimes à base d’aliments végétaux non transformés peuvent protéger contre la néphrolithiase[6]. Il s’agit du régime flexitarien (beaucoup de végétaux et des protéines animales occasionnellement), du régime végétarien, du régime méditerranéen et du régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension). Le régime méditerranéen comprend des fruits, des légumes, des noix, de l’huile d’olive, du poisson et des légumineuses, et une consommation modérée d’alcool et de viandes, et pas d’aliments transformés. De même, le régime DASH comprend des fruits et des légumes, des produits laitiers faibles en gras, des céréales complètes, du poisson, de la viande maigre et la volaille, des légumineuses et des fruits secs oléagineux, des matières grasses ajoutées en petites quantités avec des apports en sel particulièrement bas. En revanche, les régimes riches en protéines (régime Dukan) ou en graisses (régime cétogène) augmentent le risque de calculs.
Les calculs dus à trop de calcium
L’hypercalciurie (trop de calcium dans les urines) est la cause de la formation des calculs de weddelite (oxalate de calcium dihydraté). Les raisons possibles sont la fuite rénale de calcium, une hyperparathyroïdie et une hyperabsorption intestinale. Le calcium alimentaire augmente le calcium urinaire jusqu’à 20% chez les patients déjà atteints d’hypercalciurie. Cependant, la carence en calcium augmente le risque des autres types. De plus, le calcium est indispensable pour la solidité des os et le fonctionnement des muscles. Aussi, un apport équilibré en calcium (900 mg), via l’alimentation, couvre les besoins nutritionnels pour ce type de calculs.
Les calculs dus à trop d’oxalate
L’hyperoxalurie est la cause de la formation des calculs de whewellite (oxalate de calcium monohydraté). L’oxalate se trouve naturellement dans les plantes. En plus des causes alimentaires et hydriques déjà cités, trop apport alimentaire en oxalate et en graisses en favorisent la production. En dehors des facteurs diététiques, les maladies de l’intestin, le syndrome de l’intestin irritable, une résection de l’intestin grêle et la chirurgie bariatrique augmentent les oxalates dans les urines. Ils provoquent des diarrhées et une malabsorption des graisses qui empêchent l’élimination de l’oxalate via les selles. De plus, les compléments en vitamine C accroissent le risque de calculs d’oxalate. Enfin, la supplémentation de magnésium pendant les repas diminue l’excrétion de l’oxalate dans les urines. En effet, le magnésium (comme le calcium) se liant à l’oxalate dans les intestins, entraîne une élimination accrue dans les selles au lieu des urines [7].
Liste d’aliments riches en oxalate
Extrêmement riches >1000 mg/100g | Particulièrement riches >400 mg/100g | Très riches >200 mg/100g | Riches >100 mg/100g |
---|---|---|---|
oseille | patate douce | amaranthe | chocolat noir |
rhubarbe | haricots blancs | gombo | betterave |
épinard | son de blé | carambole | blette |
sésame (tahin) | cacao | amande | cacahuète (dont beurre) |
racine de réglisse | soja (dont lait de soja, tofu) | quinoa | |
poudre de shaga | pourpier | sarrasin | |
noisette | |||
persil |
Un régime pauvre en oxalate est recommandé pour les patients avec de l’hyperoxalurie. Par conséquent, il est essentiel de considérer les sources d’oxalate alimentaire présentées dans le tableau précédent. La préparation des aliments comme le trempage des graines, la cuisson à l’eau et la fermentation comme dans le kimchi baisse leur teneur. De même, les céréales raffinées contiennent moins d’oxalates que les céréales complètes. Autre effet indésirable, les oxalates réduisent la biodisponibilité des minéraux. Pour finir, les cristaux d’oxalate sont associés à une inflammation rénale, une fibrose et une insuffisance rénale progressive.
Les calculs d’acide urique
Pour ce type de calculs, les recommandations générales seront appliquées, en insistant sur une consommation moindre des protéines et une consommation augmentée des légumes. Ils sont dus à une acidité trop forte dans les urines, mesurée par un Ph < 6,2. Il faut donc diminuer les viandes et manger au moins 3 portions de légumes et 2 portions de fruits chaque jour. L’indice PRAL déterine la charge acide d’un aliment. Les aliments à indice PRAL positif sont dits acidifiants, car ils génèrent de l’acidité. Il s’agit des viandes, des produits laitiers, des légumineuses (haricots secs, soja, etc.) et des oléagineux (amandes, graines, etc.). Certains de ces calculs peuvent se dissoudre dans un milieu alcalin (non acide). Il est nécessaire d’alcaliniser les urines pendant plusieurs semaines. Le néphrologue peut prescrire du citrate de potassium pour optimiser le résultat.
Les examens
L’échographie rénale et la radiographie d’abdomen permettent de visualiser les calculs. Le néphrologue prescrit un bilan sanguin complet et l’ionogramme urinaire des 24 heures. Eventuellement, l’ECBU, examen cytobactériologique des urines, permet d’éliminer une suspicion d’infection urinaire. Le bilan sanguin comprendra notamment la vitamine D qui interagit avec le calcium. L’ionogramme urinaire permet de mesurer les concentrations de minéraux dans les urines. Lors de calculs rénaux récurrents, le dosage de l’oxalate urinaire permet une évaluation diagnostique. Lorsque le calcul a pu être récupéré, son analyse permet d’adapter au plus juste les recommandations. En effet, le type de calculs dépend du métabolisme qui change selon les habitudes alimentaires. Et, une alimentation spécifique, basée sur une évaluation diététique et métabolique, s’avère plus efficace que des mesures générales pour éviter les récidives.

Les bandelettes urinaires
Les bandelettes donnent un aperçu rapide de la fonction rénale à partir de différents paramètres. Seul le médecin pourra établir un diagnostic à partir des résultats des examens biologiques. Lors de coliques néphrétiques, la présence de sang peut être détectée et exige d’autres mesures diagnostiques. Pour le suivi, le paramètre fondamental est la gravité spécifique ou densité urinaire. Elle mesure la concentration des minéraux de l’urine. Ainsi, ce test permet de vérifier que l’hydratation est suffisante pour diluer les urines. Une valeur de 1015 ou inférieure doit être obtenue pour protéger d’une récidive. Pour les calculs d’acide urique, on doit chercher un PH supérieur à 6. Pour les calculs dus aux infections urinaires, on doit chercher un PH le plus proche possible de 6.
Les plantes
Phyllanthus niruri est un remède utilisé dans la médecine populaire brésilienne pour le traitement de la lithiase urinaire. Appelée « Chanca piedra », ce qui signifie littéralement « briseur de pierre », ses effets ont été confirmés par une évaluation clinique sur 56 patients [8]. Après 12 semaines d’administration, les calculs ont diminué de taille et le taux d’oxalate urinaire a été réduit. Son efficacité et l’absence d’effets secondaires rendent cette thérapie appropriée. L’ortie (urtica dioica) est connue pour ses nombreux effets thérapeutiques. Les études suggèrent qu’elle réduit la sursaturation urinaire des agents provoquant les calculs. De plus, des recherches sur l’utilisation de probiotiques associés à l’ortie montrent des résultats positifs. Les graines de nigelle ont aussi été utilisées en médecine traditionnelle iranienne pour le traitement des calculs urinaires. En Egypte, des tisanes sont préparées à partir des fruits de khella (ammi visnaga).
Recommandations
Conclusion
Le processus multifactoriel de formation des calculs rénaux nécessite une analyse complète du mode de vie. Pour éviter une récidive, l’origine des calculs est déterminée par un suivi médical et alimentaire. Un report des prises alimentaires pendant une semaine donne une vision précise des réglages alimentaires à mettre en place. Ainsi, une alimentation personnalisée et un apport hydrique suffisant diminuent le risque de calculs à répétitions.
Sources :
- Approche multidisciplinaire dans la gestion des patients avec des calculs rénaux. ↩︎
- Recommandations 2022 de la Commission lithiase de l’AFU : épidémiologie, analyse et composition des calculs. ↩︎
- Les sodas et autres boissons et le risque de calculs rénaux. ↩︎
- Alcohol Intake and Prevalent Kidney Stone: The National Health and Nutrition Examination Survey 2007–2018. ↩︎
- Démêler la Relation Complexe entre le Régime et la Néphrolithiase. ↩︎
- Régimes et calculs rénaux. ↩︎
- Importance du magnésium dans l’absorption et l’excrétion de l’oxalate. ↩︎
- Effet de phyllanthus niruri chanca piedra sur les paramètres métaboliques des patients atteints de calculs rénaux. ↩︎
A. Fig. 5 Cloutier, J., Villa, L., Traxer, O. et al. Kidney stone analysis: “Give me your stone, I will tell you who you are!”. World J Urol 33, 157–169 (2015). https://doi.org/10.1007/s00345-014-1444-9
« La maladie n’est autre chose qu’un effort de la nature qui pour conserver le malade, travaille de toutes ses forces à évacuer la matière moribifique(les toxines). » Sydenham, médecin anglais du XVII ème siècle
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