Comment prévenir naturellement les cystites ?          

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      2 à 5 millions de femmes sont touchées par les cystites chaque année en France. Plus rarement affectés, les hommes bénéficient d’une même approche naturelle et globale pour la prévention des cystites récidivantes. Ainsi une hygiène de vie saine, des habitudes protectrices et l’usage de la canneberge diminuent les cystites à répétition. Une alimentation anti-inflammatoire agit aussi contre les cystites interstitielles, cystites non bactériennes.

Définition

      La cystite est une inflammation de la vessie provoquant des troubles urinaires, d’une durée de quelques jours pour la cystite aiguë. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une cystite bactérienne causée par une prolifération anormale d’agents pathogènes. Les cystites récurrentes sont définies par au moins 3 épisodes en 12 mois, ou au moins 2 épisodes en 6 mois. L’infection urinaire peut également toucher les autres organes de l’appareil urinaire.

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Cystite bactérienne et organes du système urinaire

Causes

       Escherichia Coli est la bactérie, de loin, la plus responsable des cystites. Cependant, klebsiella pneumoniae, staphylococcus saprophyticus, enterococcus faecalis et Citrobacter koseri, se rencontrent aussi. Certaines bactéries normalement présentes dans les intestins deviennent pathogènes par migration dans le système urinaire. Par conséquent, une dysbiose intestinale peut favoriser les cystites récidivantes. Les premiers facteurs de risque sont les antécédents d’infections urinaires. Puis viennent la baisse de l’immunité liée à l’âge, l’exposition aux agents pathogènes dans les établissements de soin, les sondes urinaires. Parmi les comorbidités qui augmentent les risques, on trouve l’insuffisance rénale, un diabète non contrôlé, une transplantation rénale ou des calculs rénaux. Enfin, les problèmes de périnée, comme l’hypertonie périnéale, peuvent favoriser les cystites. L’irradiation d’un organe pelvien (radiothérapie) peut déclencher une cystite radique.

Symptômes

  • Douleurs dans le bas ventre et/ou les flancs et/ou dans le bas dos

  • Sensation de pression dans la région pelvienne

  • Envies fréquentes d’uriner (besoin d’uriner de plus de 8 fois par 24h)

  • Mictions douloureuses ou difficiles

  • Brûlures en urinant

  • Parfois du sang dans l’urine(urine rose), attention d’autres maladies provoquent de l’hématurie comme les calculs rénaux

  • Urines troubles avec parfois pus

  • Urines malodorantes

  • Parfois de la fièvre

La douleur peut être localisée n’importe où dans la vessie et les organes environnants. Dans certaines conditions, les bactéries migrent vers les reins occasionnant une pyélonéphrite aiguë. Les symptômes sont similaires, mais généralement accompagnés de douleurs au flanc, de fièvre, de frissons, de nausées, de vomissements et d’autres symptômes qui affectent la totalité du corps.

Cystite interstitielle

      Appelée également syndrome de la vessie douloureuse, c’est une affection chronique rare, caractérisée par une inflammation non infectieuse ou toute autre cause identifiable. Les symptômes majeurs sont le besoin impérieux et fréquent d’uriner et des douleurs, parfois insupportables. Une exploration de la vessie montre une altération de sa paroi interne, témoin de l’inflammation chronique. Chez les hommes, la prostatite chronique peut souvent être diagnostiquée à tort comme une cystite interstitielle, car ces deux conditions présentent des similitudes. Le stress étant un facteur d’exacerbation des symptômes, on veillera à le réduire. Pour cela, on peut utiliser des techniques de gestion du stress comme la méditation, des exercices respiratoires et la cohérence cardiaque. Fumer aggrave les symptômes. L’alimentation est basée d’une part sur l’éviction des irritants courants et d’autre part sur un régime d’élimination. Le régime d’élimination permet d’identifier d’autres aliments responsables de douleurs accrues, les sensibilités alimentaires spécifiques variant d’une personne à l’autre.

Liste d’aliments déconseillés pour la cystite interstitielle

  • Alcool (bière, vin , …)

  • Caféine dont café, thé noir, soda

  • Les boissons gazeuses

  • Tomates et dérivés : sauce, jus, ketchup

  • Chocolat et cacao

  • boissons acides (dont jus de canneberge)

  • Piments

  • Sauces « piquantes » comme le Tabasco

  • Choucroute

  • Épices

  • Vinaigre, cornichons

  • Édulcorants

  • Glutamate

En outre, certaines études suggèrent que la vitamine C exacerbe les symptômes alors que le bicarbonate de soude a tendance à les diminuer [1].

Cystites aigües chez les femmes

      Les femmes ont une prévalence beaucoup plus forte (de 5 à 10 fois selon les études) d’infections urinaires que les hommes. La spécificité de l’anatomie du système urinaire peut expliquer cette différence. Ainsi un urètre plus court et un orifice urétral plus proche du rectum facilitent le passage des bactéries pathogènes dans la vessie. Le microbiome vaginal et la constipation affectent la récurrence des cystites. Les femmes sexuellement actives, les femmes ménopausées et les femmes enceintes sont plus prédisposées. Egalement, l’utilisation de spermicides, un nouveau partenaire sexuel, une mère ayant des antécédents d’infection urinaire, avoir eu une infection urinaire pendant l’enfance sont des facteurs de risque chez les jeunes femmes [2]. Parmi les pratiques comportementales, une forte consommation d’eau, la miction après les rapports sexuels et l’essuyage de l’arrière vers l’avant protégeaient les femmes des infections. Après la ménopause, la baisse des estrogènes diminue le développement de la flore vaginale favorable.

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Femmes enceintes

      Pendant la grossesse, les changements anatomiques tendent à ralentir le flux urinaire facilitant la remontée des bactéries vers les reins. C’est pourquoi les futures mamans présentent un risque accru de complications. Environ 2,3 % des femmes développeront une infection urinaire symptomatique au cours de leur grossesse [3]. Efficaces contre l’infection, seules certaines souches d’antibiotiques seront utilisées pour éviter les effets tératogènes. Cependant, ces traitements contribuent à l’antibiorésistance et comportent également le risque d’être nocif pour le fœtus. Par conséquent, des mesures alternatives sont étudiées en prévention [4]. Il a été rapporté une réduction des cystites chez les femmes qui buvaient du jus de cranberry. Une étude a montré un pourcentage moindre d’infection par l’utilisation de la vitamine C . Boire des quantités insuffisantes d’eau et retarder la miction augmentait la probabilité d’infections urinaires.

Hommes

      Les hommes peuvent ressentir des douleurs dans le scrotum et les organes génitaux. Les autres symptômes masculins sont les mêmes que ceux des femmes, mais des symptômes récurrents ou réfractaires suggèrent une possible prostatite. Chez les jeunes hommes, les cas d’infections urinaires sont très rares. Pour les hommes avec des symptômes systémiques ou des antécédents médicaux, ces infections urinaires sont considérées comme compliquées. Suivant les cas, un traitement ciblé, basé sur les résultats de la culture d’urine et de l’antibiogramme, sera mis en place. Indépendamment du sexe, l’incidence des infections urinaires augmente avec l’âge [5].

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Recommandations

Pour éviter les cystites récidivantes, un ensemble de plusieurs habitudes doit être mis en place :

  • Buvez beaucoup d’eau, au moins 1,5 litre par jour

  • Mangez suffisamment de légumes pour éviter la constipation

  • Supprimez les sucres ajoutés dans votre alimentation

  • Eviter les aliments transformés

  • Supprimer l’alcool

  • Urinez dès que vous en ressentez le besoin

  • Videz totalement la vessie

  • Essuyez-vous d’avant en arrière en direction de l’anus

  • Lavez-vous les mains avant toute activité sexuelle

  • Urinez rapidement après chaque rapport sexuel

  • Supprimez l’usage des spermicides

  • Pas de douches vaginales

  • Prendre des produits d’hygiène avec le moins d’ingrédients possibles

  • Portez des sous-vêtements en coton et des vêtements peu serrés

  • Evitez les espaces collectifs, bouillons de culture microbiens comme piscine, sauna ou jacuzzi

Bandelettes urinaires et examens

      La recherche d’une infection urinaire par bandelette repose sur la présence de leucocytes (globules blancs) et de nitrites. Vendues en pharmacie, les bandelettes permettent de voir soi-même les résultats. Le réactif présent sur les bandelettes change de couleur en fonction du dosage la substance recherchée. Pour utiliser les bandelettes :
   – se laver les mains et les parties intimes
   – utiliser un récipient sec et propre
   – recueillir le deuxième jet d’urine
   – tremper la bandelette dans l’urine
   – attendre le temps indiqué pour obtenir le résultat
Il n’y a pas de nitrites sauf lorsque certains germes (comme les E. coli) sont présents. Egalement, un PH haut (>7) sur plusieurs jours indique une potentielle infection. Le résultat de ces autotests doit être confirmé par des analyses complémentaires en lien avec son médecin. Il pourra vous prescrire un ECBU(examen cytobactériologique des urines) pour analyser vos urines et un antibiogramme pour déterminer les traitements antibiotiques actifs sur le germe isolé.

Canneberge

      Arbrisseau des régions froides d’Amérique du nord, la canneberge, ou cranberry en anglais, produit des baies à la saveur fruitée légèrement acide et astringente. Elles contiennent des substances (proanthocyanidines) qui inhibent l’adhérence d’E. coli à la vessie. De fait, les produits à base de canneberge sont largement utilisés depuis plusieurs décennies pour soigner les cystites. Il existe des interactions potentielles avec des médicaments anticoagulants, ce qui nécessite un avis médical. La supplémentation alimentaire en canneberge accroit l’excrétion urinaire d’oxalate et doit être évitée chez les patients à risque de calculs rénaux. La dose active minimale est 36 mg de proanthocyanidines par jour. Evidemment, la canneberge sera efficace pour certaines personnes, inefficace pour d’autres. Les études soutiennent l’usage de la canneberge chez les femmes présentant des cystites récurrentes et chez les enfants [6]. La canneberge se présente donc comme une alternative naturelle intéressante.

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Thym

      Ingrédient des herbes de Provence, le thym possède de nombreuses propriétés médicinales en plus de son puissant goût aromatique. En particulier, le thym va stimuler l’immunité, protectrice des infections de tout type. Sous forme de tisane, il augmente la quantité de boisson, favorisant la diurèse qui nettoie les voies urinaires. Pour préparer une infusion, prenez une cuillère à café de thym à laisser tremper dans une tasse d’eau juste bouillie. Pour amplifier l’effet antibactérien, faire bouillir 4 clous de girofle 5 minutes puis infuser avec le thym pendant 10 minutes. Et ajouter du jus de citron dans l’infusion refroidie pour bénéficier de la vitamine C. Le thym et le clou de girofle étant hépatoxiques à forte dose, on veillera à ne pas dépasser 3 semaines de prise.

Autres plantes

      D’autres plantes contiennent les proanthocyanidines qui leur donnent des propriétés antiadhésives microbiennes. Ainsi, on pourra associer le jus de myrtille au goût plus doux à celui de cranberry. Dans la même famille de plantes, on trouve la busserole(Arctostaphylos uva-ursi) et la bruyère(Calluna vulgaris), des plantes médicinales qui peuvent être utilisées pour les cystites récidivantes. La piloselle (Hieracium pilosella) agit aussi contre les germes des infections urinaires banales. On manque d’études sur le jus de grenade qui apporte beaucoup d’antioxydants et aussi des proanthocyanidines. Enfin des recherches montrent une activité contre les bactéries responsables des infections urinaires de certaines épices [7]. Ces résultats encouragent la consommation de la cannelle, du clou de girofle, du cumin et de l’origan dans l’alimentation.

Probiotiques

      Depuis que l’on connait l’importance du microbiote intestinal, les études sur les probiotiques s’accumulent. Les probiotiques sont des micro-organismes vivants bénéfiques à la santé, présents notamment dans le tube digestif. Grâce aux techniques de séquençage génomique, on peut observer les espèces bactériennes dans les urines. Chez les femmes sans infection, les genres Lactobacillus et Bifidobacterium dominent [8]. En effet, une présence forte de ces genres empêche la colonisation des bactéries pathogènes. Les diverses espèces de lactobacillus comprennent notamment L. crispatus, L. iners et L. gasseri. Par ailleurs, différents essais ont suggéré l’efficacité des lactobacillus plantarum, acidophilus et casei, reuteri et gasseri pour les femmes post-ménopausées. Pris en compléments alimentaires, les probiotiques rééquilibrent le microbiote, par exemple en complément d’une antibiothérapie. Ils peuvent être utilisés à tout âge et par la femme enceinte ou allaitante. Disponibles sous la forme d’ovules vaginaux ou de gélules (voie orale), ces organismes vivants doivent être préservés de la chaleur.

Autres remèdes naturels

      L’intensification de la résistance aux antibiotiques et leurs effets secondaires a conduit à différentes approches naturelles contre les cystites aigues simples. Ainsi, le d-mannose, sucre présent dans certaines plantes, inhibe l’adhérence des bactéries E. coli de manière complémentaire à la canneberge. La dose communément étudiée est de 2g/j et des doses plus élevées peuvent provoquer des troubles digestifs (diarrhée, ballonnements). La propolis est produite par les abeilles à partir de la résine récoltée sur les arbres mélangée à leurs propre cire et enzymes. Appliquée sur la ruche par les abeilles, elle les protège des microorganismes. Ses effets connus depuis l’antiquité contre les infections et les recherches récentes sur son activité inhibitrice d’ E. coli incitent à son utilisation. Parmi les vitamines, la vitamine D et la vitamine C augmentent l’immunité naturelle. Enfin, le zinc intervient pour lutter contre les infections.   

Conclusion

      Face aux cystites, une large gamme d’approches naturelles est disponible : modifications du comportement, compléments alimentaires, plantes médicinales et alimentation. Combinées, ces techniques de la naturopathie, réduisent la répétition des cystites. Cet article vous a plu ? n’hésitez pas à le partager. Et si vous souhaitez un accompagnement personnalisé, je vous invite à prendre un rendez-vous.

  «C’est une précieuse chose que la santé, et la seule chose qui mérite à la vérité qu’on y employe, non le temps seulement, la sueur, la peine, les biens, mais encore la vie à sa poursuite ; d’autant que sans elle la vie nous vient à être pénible. » Montaigne Essais ; 1588-1592   

Sources

  1. Alimentation et son rôle dans le syndrome de cystite interstitielle douleur vésicale et les conditions comorbides ↩︎
  2. Infections urinaires récurrentes non compliquées  définitions et facteurs de risque ↩︎
  3. Cystite ↩︎
  4. Une revue systématique des mesures non recommandées pour la prévention des infections des voies urinaires pendant la grossesse ↩︎
  5. Présentations cliniques et épidémiologie des infections des voies urinaires ↩︎
  6. Canneberges pour prévenir les infections des voies urinaires ↩︎
  7. Activité antimicrobienne des épices couramment utilisées au Mexique contre les infections des voies urinaires ↩︎
  8. Les infections récurrentes des voies urinaires et les œstrogènes façonnent l’écologie taxonomique et la fonction du microbiome urogénital postménopausique ↩︎
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