Plante médicinale majeure, le pissenlit offre de puissantes vertus dépuratives. Les feuilles servent plus pour des tisanes diurétiques, la racine pour des tisanes qui favorisent le fonctionnement du foie. Egalement plante comestible, ses fleurs, boutons floraux et jeunes feuilles composent une salade amère pleine de vitalité grâce à ses multiples nutriments. Vous allez voir tous ses bienfaits et comment l’utiliser.
Présentation
Pissenlit, en français, signifie bien sa propriété d’augmenter le volume des urines. En anglais, l’origine du mot dandelion, correspond à dent-de-lion. Elle décrit la ressemblance de ses feuilles très découpées avec les crocs aiguisés du lion. Son nom latin, taraxacum officinale, évoque son utilisation en médecine traditionnelle. Il est également appelé tête de moine, allusion à l’analogie du crâne rasé des moines avec la boule floconneuse dont les poils soyeux se sont envolés. Originaire d’Europe et répandu dans les zones tempérées de l’hémisphère nord, le pissenlit compte 1200 espèces dans nos contrées. Sa première et abondante floraison recouvre les prairies de jaune d’or lors de l’arrivée du printemps. Il peut même continuer à fleurir jusqu’en hiver. Précieux remède dans la pharmacie populaire, les jardiniers cherchent à s’en débarrasser comme une mauvaise herbe.
Description
Cette plante sauvage appartient à la famille des composés, ainsi nommée, en raison de la réunion de dizaines de petites fleurs qui forme la fleur ou capitule. La floraison dure 3 jours, attirant les insectes pollinisateurs qui assurent la fécondation. Puis apparaît la boule blanche duveteuse, formée par l’ensemble des pappus ou aigrettes, sur laquelle nous avons soufflé étant enfant. Elle est constituée des akènes (fruit sec contenant une graine) agrémentés d’une tige centrale qui déploie de nombreux fils. Au moindre vent, cette coiffe de poils s’envole. Lorsque la tige creuse est coupée, elle libère un suc laiteux appelé latex. Les feuilles, vert foncé, sont plaquées au sol, regroupées en rosette, au-dessus de la racine, robuste et charnue.
Vertus
Apéritif, stimulant digestif, draineur, diurétique, décongestif, reminéralisant, antioxydant et anti-inflammatoire, toutes ces propriétés médicinales expliquent l’usage du pissenlit dans la médecine traditionnelle européenne. Selon Hildegarde de Bingen, femme guérisseuse du moyen-âge, si on en mange souvent, il purge l’estomac et fait disparaitre les troubles de la vue. Maria Treben considérait cette herbe comme une aide médicale des plus importantes. Le Dr Jean Valnet, père de la phytothérapie française, le préconise dans de multiples indications. En usage externe, le suc est appliqué sur les verrues pour les soigner. Quant à la médecine traditionnelle chinoise, les espèces endémiques sont présentes dans l’édition de la pharmacopée chinoise de 2015. En Russie, en Inde, en Turquie et au Mexique, il est utilisé dans la médecine populaire en raison de ses nombreux avantages thérapeutiques.
ORGANES : BIENFAITS
- Foie : hépatoprotecteur, cholérétique, cholagogue.
- Estomac : améliore les symptômes des personnes souffrant d'ulcères gastriques (1), traitement contre la dyspepsie (troubles de la digestion).
- Intestins : anti-inflammatoire, laxatif, tonique-amer.
- Coeur : hypolipidémique, hypoglycémiant, anticoagulant.
- Reins : diurétique, calculs rénaux ou lithiase rénale (2).
- Articulations : protecteur des cartilages (3), antirhumatisme (2).
- Peau : anti-acné, verrues (2), maladies de la peau (4).
Vitamines et minéraux
Les quantités des constituants dépendent de la saison à laquelle il est cueilli, ainsi que d’autres facteurs écologiques. Elles varient entre les différentes parties de la plante. Il est riche en vitamines (A, C, E et B), et en minéraux tels que le fer, le magnésium, le sodium, le calcium, le silicium, le cuivre, le potassium et le zinc. Un peu moins riche en vitamine C que le citron, il est une des sources végétales vertes les plus riches en bêta-carotène, précurseur de la vitamine A. En comparaison avec la laitue et les épinards, il possède une teneur plus élevée en protéines et en fibres alimentaires.
Autres phytoconstituants
En outre, le pissenlit concentre de multiples composés bioactifs. Ainsi, les terpènes possèdent des propriétés anti-inflammatoires et antimicrobiennes, les polyphénols des propriétés antioxydantes et immunostimulantes. Parmi les phénols, l’acide de chicorée et l’acide chlorogénique peuvent être des agents antidiabétiques (1). Les stérols augmente l’absorption du cholestérol, ce qui diminue sa présence dans le sang. De plus, sa racine contient de l’inuline et des sucres complexes qui favorisent le microbiote intestinal. Il contient aussi de la choline qui contribue au fonctionnement du foie. La lutéine, pigment jaune orangé, plus présent dans la fleur, semble protéger les yeux. La synergie de tous ces principes actifs explique les bienfaits du pissenlit sur la santé.
Le pissenlit, le foie et la vésicule biliaire
Remède de grand-mère pour nettoyer le foie, le pissenlit est considéré comme une des meilleures plantes hépatiques par les phytothérapeutes. En effet, il stimule toutes les fonctions du foie et le fortifie grâce à ses antioxydants. En outre, une étude sur les sucres complexes de la racine montre leurs effets protecteurs sur les cellules hépatiques (5). Le foie, principal organe de détoxification, filtre environ 2400 litres de sang par 24 heures pour éliminer les toxines. Egalement, il régule les graisses et relâche le sucre dans le sang. Ainsi un foie en bonne santé aide à maigrir. Il fabrique la bile qui est stockée dans un réservoir appelée vésicule biliaire. Lors d’un repas, la vésicule se contracte pour déverser la bile qui sert à digérer les graisses. La bile agit aussi comme un laxatif naturel soulageant par conséquent la constipation. Le pissenlit favorise la production de bile (cholérétique) et l’évacuation de la bile (cholagogue). Ces propriétés ont été exploitées dans le traitement de maladies du foie comme le syndrome de Gilbert (6). Dans une cure détox, cette évacuation est essentielle, la bile contenant les déchets issus du travail du foie. Dans un ensemble cohérent de mesures d’hygiène de vie, la décoction de racines de pissenlit constitue une tisane pour maigrir.
Le pissenlit et les reins
Les vertus diurétiques du pissenlit sont connues de longue date comme l’atteste son nom. Son usage est établi grâce à la tradition comme traitement adjuvant dans les troubles urinaires mineurs et nettoyant des voies urinaires (7). Grâce à ces vertus, le pissenlit agit contre la rétention d’eau. Pour les femmes qui font de la rétention prémenstruelle, les feuilles aident en quelque sorte à essorer le trop plein d’eau. L’élimination de l’urine permet aussi de prévenir les calculs rénaux. Dans des tests in vitro, l’extrait aqueux de pissenlit réduit la taille des cristaux contenant du calcium (8). Le calcium constitue la majorité des calculs dans la lithiase urinaire ce qui expliquerait les effets de l’extrait. En raison de sa richesse en potassium, le pissenlit ne provoque pas de perte de potassium contrairement à d’autres diurétiques. Le volume des urines augmentant, le cœur aura moins de sang à pomper dans le même volume des artères. Mécaniquement, la pression artérielle va diminuer, ce qui est intéressant dans l’hypertension modérée.
Le pissenlit et la glycémie
De nombreuses publications soutiennent l’utilisation du pissenlit par les médecines traditionnelles contre le diabète de type 2. Le diabète touche plus 3,5 millions de personnes en France et ce chiffre continue de progresser. Il se traduit par un taux de sucre élevé dans le sang (hyperglycémie) et la résistance à l’insuline qui ne permet plus de diminuer ce taux. Le pissenlit renferme des phytoconstituants avec des propriétés antidiabétiques comme le taraxastérol, avec des teneurs élevées par rapport à d’autres plantes (9). D’autres études ont montré que des extraits de pissenlit stimulaient la sécrétion d’insuline. En diminuant le taux de lipides dans le sang, il améliore le fonctionnement du foie et du pancréas, ces deux organes régulant le taux de sucre dans le sang. Grâce à son action anti-inflammatoire, il peut moduler le dysfonctionnement du pancréas ce qui favorise la sécrétion d’insuline.
Des recherches prometteuses contre le cancer
Le pissenlit a attiré l’attention pour ses effets bénéfiques potentiels contre le développement du cancer. Dès 1999, des chercheurs japonais ont examiné les tumeurs mammaires spontanées de souris en présence d’extrait de pissenlit. Les résultats suggèrent fortement que le taraxastérol (1) pourrait être un agent chimiopréventif précieux. D’autres expériences ont été faites sur des cellules de cancer du sein et de cancer de la prostate. Les extraits bruts de feuilles ont diminué la croissance des cellules cancéreuses. Des chercheurs chinois ont constaté que l’extrait de racine a supprimé la prolifération et la migration des cellules cancéreuses gastriques. De même, au Canada, les résultats de recherche montrent que l’extrait de racine ciblerait efficacement de multiples vulnérabilités des cellules cancéreuses du colon (10). Et pour finir cette liste non exhaustive, une autre étude montre que cet extrait provoque la mort des cellules cancéreuses de la peau (mélanome) sans induire de toxicité dans les cellules saines.
Précautions d’emploi
Au vu de l’usage ancien du pissenlit, il n’existe pas de risque associé à sa consommation. Il ne présente pas de toxicité mais comme toute substance, chimique ou naturelle, il peut cependant provoquer des réactions allergiques. Une allergie à la famille des astéracées (millefeuille, échinacée, camomille, etc.) devient alors une contre-indication. Des cas de dermites allergiques ont été rapportés par contact direct avec la plante. Bien que rares, de la diarrhée et des troubles gastro-intestinaux tels que nausées, vomissements, des douleurs et de l’hyperacidité gastrique ont été également été recensées. Un non-respect des doses journalières peut également engendrer l’apparition d’effets indésirables ou une exacerbation de l’effet thérapeutique. Il est déconseillé chez les personnes présentant une insuffisance rénale ou cardiaque, ou encore du diabète, en raison des complications potentielles liées à sa teneur élevée en potassium. En l’absence d’études, son utilisation chez la femme enceinte ou allaitante et les moins de 12 ans n’est pas recommandée.
Contre-indications et interactions médicamenteuses
En raison de son potentiel thérapeutique, le pissenlit peut interagir avec les médicaments. Il peut engendrer trop de potassium dans le sang, notamment si il est associé à une supplémentation potassique. Chez les diabétiques, l’augmentation possible de l’effet hypoglycémiant du traitement médicamenteux demande de la vigilance. Les personnes sous lithium utilisant des plantes à action diurétique peuvent présenter une déshydratation et une toxicité au lithium. Il est très fortement déconseillé à toutes les personnes sous traitement anticoagulant. Faute de données, il est contre-indiqué chez les sujets présentant des calculs biliaires, une inflammation aigüe de la vésicule ou encore un ulcère gastroduodénal.
Comment consommer du pissenlit ?
Toutes les parties du pissenlit sont comestibles. Les jeunes feuilles, plus tendres et moins amères, se mangent crues dans de délicieuses salades. Cuites, vous pouvez les cuisiner comme les épinards, en gratin, soupe, ou dans une poêlée de légumes. La cure printanière était très appréciée au 19ème siècle grâce à sa facilité d’accès et ses nombreux bienfaits. La racine servait à la fabrication de boissons alcooliques amères. Le séchage puis la cuisson, surveillée à feu vif, des racines donne un succédané de café, dépourvue des effets excitateurs du café. En Franche-Comté, les fleurs servent à préparer la cramaillotte ou miel de pissenlit. Les jeunes boutons floraux peuvent se préparer comme des câpres dans le vinaigre. La meilleure saison pour ramasser du pissenlit est le printemps, avant leur floraison pendant la période de mi-avril à mi-mai. Evidemment, il faut le récolter dans des prairies exemptes de pollution et d’épandage de pesticides. Cueillez les rosettes en glissant délicatement la lame du couteau sous les feuilles, pour couper au-dessus de la racine. Comme tous les légumes verts poussant au sol, vous prendrez soin de bien les nettoyer.
Recettes
Salade
- 200 g de jeunes feuilles fraîches
- 3 CS d’huile de noix
- 1 CS vinaigre balsamique
- 50 g de cerneaux de noix
Lavez soigneusement les feuilles.
Préparez votre vinaigrette avec l’huile et le vinaigre.
Mélangez avec les feuilles dans un saladier
Concassez les cerneaux de noix en plus petits morceaux
Répartissez les morceaux sur la salade et déguster sans attendre.
Miel de pissenlit
- 300g de fleurs
- 2 oranges et 2 citrons
- 1,5 litre d’eau
- 1 kilo de sucre complet de canne
Mélangez fleurs, eau et agrumes coupées en fines rondelles
Maintenez à faible ébullition pendant 1 heure après les premiers frémissements
Filtrez
Ajoutez le sucre et faites cuire pendant 45 minutes
Testez une goutte pour voir si elle gélifie rapidement
Poursuivez la cuisson pour obtenir cette texture.
Comment faire une tisane de pissenlit ?
Les feuilles, au goût plus amer, agiront plus le système rénal tandis que la racine agira plus sur le foie. Les racines, parties dures de la plante, nécessitent une décoction pour extraire les substances.
Pour des feuilles séchées et broyées, réalisez une infusion dosée à 30g par litre d’eau. Versez l’eau bouillante sur les feuilles et laissez tremper 10 à 15 minutes.
Pour des racines coupées, mettez une cuillère à café (+/- 4g) pour une tasse d’eau froide, faites bouillir 3 minutes, puis laissez infuser 10 minutes.
L’agence européenne des médicaments et comité des médicaments à base de plantes recommande ces doses maximales par jour, pour une durée de quinze jours.
Pour une tisane hépatique, prendre 4g de racine de pissenlit + 4 g de romarin + 4-9 g de menthe poivrée pour 500 ml d’eau. Faites une décoction pour les racines et le romarin puis infusez les 3 plantes. Le romarin soutient le foie, la menthe poivrée accompagne les faiblesses hépatobiliaires. Egalement plante favorable aux intestins, la menthe exhale des substances aromatiques agréables.
En raison de la puissance de ses propriétés thérapeutiques, l’usage du pissenlit demande de l’attention et un suivi des réactions personnelles. Connu et utilisé dans de nombreux pays par les médecines traditionnelles, les recherches ouvrent la voie à de nouvelles applications pour la santé. Utile pour des cures détox, il complète les autres techniques de la naturopathie.
«J’avais acquis la conviction que la vérité médicale n’était pas dans la chimie de synthèse mais dans la nature. » Dr. Jean VALNET
Sources : (1) Diverses activités biologiques du pissenlit. -(2) Docteur Jean Valnet. 1967. Se soigner par les légumes, les fruits et les céréales. Maloine. -(3) Le taraxastérol inhibe la réponse inflammatoire dans les chondrocytes arthrosiques humains. -(4) Les extraits de pissenlit protègent les fibroblastes de la peau humaine. -(5) effets hépatoprotecteurs des polysaccharides. -(6) Alternatives en hépatoprotection. -(7) Comité des médicaments à base de plantes (HMPC). -(8) Effets inhibiteurs de l’extrait aqueux de Taraxacum officinale sur les calculs rénaux. -(9) Les effets physiologiques du pissenlit Taraxacum Officinale dans le diabète de type 2. -(10) Extrait de racine de pissenlit affecte la prolifération et la survie du cancer colorectal.