SOPK : compréhension et solutions naturelles

SOPK traitement naturel naturopathe

      Entre 10 et 15% des femmes en âge de procréer souffrent du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Responsable de 75% de troubles des règles, il constitue la principale source de la diminution de la fertilité féminine. La gestion du poids et du mode de vie (alimentation, activité physique et habitudes comportementales) améliore la qualité de vie des femmes concernées [1]. Vous allez découvrir les aspects multiformes de ce syndrome, dont la complexité et la variété retardent son diagnostic. Pour finir, différentes solutions naturelles seront décrites dans une approche globale.

Définition

      Le syndrome des ovaires polykystiques est un dérèglement hormonal caractérisé par un excès d’androgènes (hormones mâles) et, dans 70% des cas, de résistance à l’insuline (hormone secrétée par le pancréas). Cela se traduit par un ensemble de symptômes hétérogènes, dont les liens ne sont pas évidents. Les signes cliniques peuvent être des cycles menstruels irréguliers et longs, voire absents, une pilosité anormale, une peau grasse et de l’acné, un surpoids et plus encore.

Diagnostic

Le diagnostic s’appuie sur les critères de Rotterdam. Il nécessite la présence de deux éléments parmi les trois suivants :

  • excès d’androgènes

  • perturbation du cycle menstruel

  • aspect anormal des ovaires visible à l’échographie

Il nécessite aussi l’exclusion des autres causes d’un de ces éléments. L’hyperandrogénie peut être biologique ou clinique. Dans la prise de sang, les taux de S-DHEA et de testostérone seront au-dessus de la norme. L’hyperpilosité, l’acné, la perte de cheveux indiquent une clinique d’excès d’androgènes. Des cycles de plus de 35 jours, l’absence de règles constitue le deuxième critère. Enfin, un volume des ovaires augmenté et/ou plus de 20 follicules par ovaire, une augmentation de la partie centrale de l’ovaire signent le dernier critère. Un follicule ovarien est un organe en forme de petit sac qui contient l’ovule pouvant être fécondé par un spermatozoïde.

Premiers symptômes

      Le SOPK peut débuter son expression clinique dans la période prépubertaire. L’intensité des symptômes dépend de la réceptivité aux hormones androgènes. Ils se manifestent avec beaucoup de variations et de différences interindividuelles. À 15 ans, les adolescentes vont consulter le gynécologue ou l’endocrinologue pour de l’acné ou de l’excès de poils sur le visage, ou pour des cycles seulement présents 3 à 4 fois par an. Les femmes âgées de plus 25 ans, vont consulter pour des difficultés à tomber enceintes.

Symptômes cliniques

      L’acné sévère, accompagnée d’une peau grasse, est provoquée par une augmentation de la production de sébum due aux androgènes. L’acné est plus souvent marquée avant les règles, en raison de la baisse simultanée de la progestérone et des œstrogènes, ce qui accentue l’hyperandrogénie relative. Des troubles cutanés bénins, comme des taches brunes ou des excroissances de peau, au niveau du cou ou des aisselles peuvent être présents en raison de l’insulinorésistance. L’hirsutisme se manifeste par l’apparition de poils plus épais et sombres dans des zones inhabituelles chez la femme, telles que le visage, le menton, la poitrine, les bras, les jambes, le ventre et le dos. Un ventre gonflé, des douleurs abdominales sont aussi des symptômes possibles. Il existe également une plus grande prévalence du surpoids et de l’obésité, de la graisse abdominale (tour de taille > 80cm) et une prise de poids au fil du temps.

cycle menstruel et hormones
Hormones et ovulation pour une femme en bonne santé

Troubles menstruels et hormonaux

      Les femmes souffrant du SOPK ont souvent un cycle long ou absent (aménorrhée). En outre, l’épaississement de l’endomètre dû à un nombre insuffisant de règles provoque des saignements très abondants. L’excès d’androgènes empêche la maturation des follicules ovariens. Ainsi, un ovule immature ne sera pas libéré, conduisant ainsi à une anovulation. Cette absence d’ovule rend impossible la fécondation par un spermatozoïde. En l’absence d’ovulation, la progestérone n’est pas synthétisée, ce qui entraîne un cercle vicieux : le déficit en progestérone augmente l’hyperandrogénie, qui elle-même entraîne une raréfaction de l’ovulation. L’accumulation de follicules non matures dans les ovaires cause la sécrétion de l’hormone antimüllérienne (AMH) qui est 2 à 3 fois supérieure. L’hormone lutéinisante, LH, est produite en continu à un niveau élevé, sans le pic qui permet l’ovulation. L’hormone de stimulation folliculaire, FSH, est diminuée, ce qui empêche la maturation des follicules.

modification LH FSH avec SOPK
Hormones FSH et LH pour une femme avec SOPK

Perte de cheveux

      Les causes principales de la chute des cheveux sont des carences nutritionnelles, une prédominance androgénique, une hypothyroïdie et la ménopause. Avant de se complémenter, il faudra s’assurer du bon fonctionnement digestif. Les protéines, issues de la viande ou des légumineuses, constituent la base de la structure d’un cheveu. Au niveau des oligo-éléments, les carences en fer, en zinc et en cuivre contribuent à la chute des cheveux. Au niveau des vitamines, la vitamine A, les vitamines B, en particulier la vitamine B8 ou biotine, la vitamine C et la vitamine E participent à la bonne pousse des cheveux. Forme la plus fréquente de la chute des cheveux, l’alopécie androgénique se traduit par une perte diffuse sur le sommet du crâne. Elle est liée à une prédominance des hormones androgènes qui peuvent être modulées par la racine d’ortie et le palmier nain. L’hypothyroïdie ralentit l’ensemble des fonctions du corps, dont potentiellement la pousse des cheveux. Enfin, lors de la ménopause, la baisse des œstrogènes favorise une chute des cheveux.

Douleurs

      En plus d’un risque croissant de diverses maladies, le SOPK provoque des douleurs chroniques [2]. Les douleurs pelviennes, celles associées aux règles et à des saignements abondants, les crampes et les ballonnements sont les symptômes les plus courants. On observe aussi plus de migraines. Les variations de taux d’hormones favoriseraient le déclenchement de crises de migraines. Les douleurs corporelles représentent la perturbation la plus courante de la qualité de vie. L’inflammation chronique liée au SOPK augmente la sensibilité à la douleur. C’est une réaction du système immunitaire pour lutter comme si le corps subissait une agression en continu. Les oméga 3, comme l’EPA et le DHA, peuvent être un traitement anti-inflammatoire naturel.

Autres symptômes

      L’infertilité concerne 75% des femmes touchées par un SOPK. Un taux d’insuline très élevé et la résistance à l’insuline sont deux autres facteurs contributifs courants de l’anovulation. Les femmes décrivent parfois un ventre gonflé dont les causes sont multiples : alimentation délétère, déséquilibre hormonal qui favorise la rétention d’eau, inflammation chronique, stress général qui se répercute sur le système digestif. Les femmes rapportent aussi un état psychologique fragilisé, une baisse de la libido et une diminution de la qualité de vie dus aux comportements d’adaptation (médicaments, épilation). Elles ont systématiquement une satisfaction sexuelle moindre. Des troubles de l’estime de soi peuvent apparaître en raison de l’apparence altérée liée à l’hirsutisme et l’obésité. La fatigue, psychologique et physique, est une conséquence de tous les symptômes. Les saignements abondants, un sommeil insuffisant, les variations de glycémie et les régimes alimentaires contribuent à la fatigue chronique.

Bilan hormonal sanguin

      Du fait de l’importance des variations individuelles, le bilan hormonal doit être analysé avec les examens cliniques. Par ailleurs, les valeurs de référence doivent être précisées avec la technique utilisée. La Sex Hormone Binding Globulin (SHBG) est un transporteur d’hormones dont un niveau bas augmente la testostérone disponible dans l’organisme.

Bilan métabolique

Risques

      Les femmes atteintes de SOPK, en particulier avec de l’hyperandrogénie, ont des risques plus élevés pour plusieurs maladies chroniques. Pour les maladies cardiovasculaires, elles doivent être évaluées en fonction des facteurs de risque : obésité, tabagisme, dyslipidémie, hypertension, altération de la glycémie et le manque d’activité physique. Pour les maladies métaboliques, il s’agit du diabète de type 2 et du foie gras (stéatose hépatique). Les troubles du sommeil sont plus présents, en raison de la baisse de la progestérone qui a une action sédative. L’apnée du sommeil, avec les symptômes associés tels que le ronflement et la somnolence, l’hypersomnie et l’insomnie, une difficulté à l’endormissement traduisent un mauvais sommeil. De plus, un sommeil perturbé diminue les effets d’une intervention alimentaire et interagit avec les symptômes dépressifs et d’anxiété. Au niveau psychologique, il existe plus de symptômes de dépression, d’anxiété et de troubles du comportement alimentaire. Enfin, les femmes préménopausées présentent un risque nettement plus fort de développer une hyperplasie de l’endomètre et un cancer de l’endomètre.

Rôle de la thyroïde

      La thyroïde produit des hormones qui agissent sur de nombreuses fonctions du corps. Elle régule le métabolisme, la fertilité et les émotions. Certaines maladies de la thyroïde provoquent des symptômes similaires à ceux du SOPK tels que des dysfonctionnements menstruels, de l’infertilité et des troubles métaboliques [3]. Elles sont plus présentes chez les femmes avec un SOPK. L’hypothyroïdie clinique et la maladie d’Hashimoto sont les plus associées au SOPK. Elles favorisent l’augmentation du taux de sucre et des lipides (LDL et triglycérides) ainsi que des difficultés pour tomber enceinte et les risques pour la santé maternelle et infantile pendant la grossesse. Inversement, le taux d’incidence du SOPK est plus haut chez les femmes atteintes d’une maladie thyroïdienne. En raison de l’exacerbation des symptômes lors de la concomitance du SOPK et de l’insuffisance thyroïdienne, la fonction thyroïdienne doit être étudiée.

image ovaire polykystique
Schéma ovaire polykystique

Échographie

      Grâce à des ultrasons, cet examen indolore permet de visualiser les ovaires. Il est nécessaire pour que le gynécologue ou l’endocrinologue établisse un diagnostic pour les femmes adultes. Chez les patientes atteintes de SOPK, les ovaires sont légèrement plus gros (>10 ml) et portent de minuscules kystes (>20 entre 2 et 9 mm). Les kystes désignent en réalité des follicules ovariens disposés en périphérie. Chez les adolescentes, il n’existe pas de critères définitifs pour définir la morphologie des ovaires polykystiques à l’échographie. Par conséquent, l’échographie n’est pas recommandée chez les adolescentes. Celles présentant des caractéristiques du SOPK avant la prise de la pilule contraceptive et celles présentant une prise de poids significative à l’adolescence doivent effectuer une réévaluation. Elle est conseillée au plus tard à pleine maturité reproductive, 8 ans après le début des règles [4].

Traitements médicaux

      Il n’existe pas de traitement curatif, mais des traitements symptomatiques, sachant qu’un mode de vie sain reste primordial. Le traitement dépend de chaque symptôme spécifique et du désir d’enfant. Ainsi, les médicaments utilisés sont nombreux, en premier les contraceptifs oraux, les progestatifs antiandrogènes et les médicaments sensibilisants à l’insuline. La pilule, avec une vigilance aux risques, permet d’améliorer l’acné et l’hirsutisme. Si ce n’est pas suffisant, la spironolactone est proposée en deuxième intention comme anti-androgène, hors AMM, par un endocrinologue. Une thérapie cosmétique peut être prise en charge pour l’hirsutisme sur le visage. Il s’agit de séances de laser ou de lumière pulsée prescrites par le dermatologue. En cas de résistance à l’insuline, la metformime agit sur la glycémie et présente peu d’effets secondaires. L’efficacité de la metformine dépend de chaque personne, avec une variabilité notable au niveau du poids. Il n’existe pas de contre-indications, cependant des troubles digestifs tels que des nausées et des diarrhées peuvent survenir. Enfin, pour prévenir le cancer de l’endomètre, le médicament duphaston sert à déclencher les règles.

Grossesse

Les femmes atteintes du SOPK présentent une combinaison de problèmes pour avoir des enfants (infertilité, complications de la grossesse). Il existe de nombreux risques accrus pour une femme enceinte :

  • La fausse couche qui est une interruption spontanée de grossesse.

  • Le diabète gestationnel avec des risques plus élevés de complications pour la mère et pour l’enfant à naître comme un accouchement prématuré, un accouchement difficile et des complications métaboliques.

  • L’hypertension gestationnelle.

  • La prééclampsie, caractérisée par de l’hypertension, par des œdèmes importants et des protéines dans les urines. Elle nécessite une hospitalisation en raison des possibles aggravations.

Pour stimuler l’ovulation, les professionnels de santé prescrivent du citrate de clomifène (Clomid®). Enfin, le recours à l’assistance médicale à la procréation, peut aboutir à une grossesse multiple. Aussi, toutes ces raisons impliquent un suivi médical strict.

Causes et origines

      Les origines de cette pathologie hormonale ne sont pas certaines. Il existe une dysfonction neuroendocrine, c’est-à-dire une altération de la sécrétion de certaines hormones par le cerveau. En conséquence, l’hormone lutéinisante (LH) est augmentée, ce qui perturbe tout le cycle menstruel. Dans les modèles animaux, l’induction de cette dysfonction produit un phénotype de SOPK. De nombreuses études ont suggéré une interaction complexe de facteurs génétiques et environnementaux [5]. Au niveau héréditaire, les antécédents familiaux sont fréquents. Les recherches reliant les toxines environnementales au développement du SOPK sont très limitées. Deux études ont montré une augmentation du taux de bisphénol A, un perturbateur endocrinien, chez des adolescentes avec un SOPK, sans preuves de causalité. Quant au style de vie, une mauvaise alimentation et la sédentarité exacerbent les symptômes du SOPK.

Alimentation

Une alimentation naturelle compte parmi les moyens les plus puissants pour améliorer la santé et maigrir. Manger moins de glucides et plus de fibres végétales permet d’abaisser le taux de sucre dans le sang et la résistance à l’insuline. Il s’agit donc d’éviter les céréales, leurs dérivés et les aliments sucrés. Plus précisément, la famille du blé et le riz, le pain, les pâtes, les pâtisseries, les sodas et les jus de fruits sont à bannir. Pour terminer avec les glucides, les pommes de terre sous toute leur forme contribuent à une forte élévation de la glycémie. L’élimination des produits ultra-transformés supprime les sucres ajoutés et les additifs. En revanche, les légumes colorés, peu pourvoyeurs de sucres et riches en vitamines, sont à consommer. De plus, leurs fibres améliorent la sensibilité à l’insuline en réduisant la vitesse d’absorption du sucre. Une approche flexible, individuelle, avec une participation de la patiente permet d’atteindre une perte de poids.

alimentation régime alimentaire SOPK naturopathe
SOPK activité physique naturopathe

Activité physique et sport

Deuxième axe de l’amélioration de l’hygiène de vie, l’exercice régulier peut aider à réduire l’insulinorésistance et favoriser la perte de poids. Le critère prépondérant est le choix d’une activité physique qui vous plaise pour en assurer la pérennité. La marche, la natation, les pilates, le yoga ou la danse sont des sports pouvant être pratiqués à tous les niveaux. 150 minutes de mouvements à intensité modérée ou 75 minutes de mouvements à intensité vigoureuse, en plusieurs fois, sont recommandées chaque semaine. Des exercices de résistance, en utilisant des élastiques, des haltères ou le poids de corps, affectent positivement la résistance à l’insuline et la graisse corporelle [6]. Des exercices d’endurance, comme le vélo ou la course à pied, améliorent également ces mêmes paramètres. En dehors du sport, la sédentarité (par exemple, le temps passé assis et devant un écran) doit être limitée.

Les compléments alimentaires

      L’approche globale inclut la micronutrition et les molécules naturelles. En raison des multiples répercussions de cette maladie chronique, de nombreux compléments [7] sont à tester en fonction des symptômes et des résultats d’analyses de sang. La supplémentation en vitamine D a amélioré l’indice HOMA, le cholestérol LDL, la glycémie à jeun et l’insuline à jeun. De nombreuses études ont montré l’impact positif de l’inositol sur ces mêmes paramètres. La berbérine fait baisser la glycémie et le cholestérol LDL. En cas de glycémie élevée, le chrome peut la réguler. De même, la supplémentation en NAC (n-acétylcystéine), en coenzyme Q10 ont amélioré la glycémie. La cannelle est connue pour exercer des effets anti-inflammatoires et hypoglycémiques. Plante de la médecine ayurvédique, Gymnema sylvestris a des vertus antidiabétiques et hypolipidémiantes. Elle est très utile pour les dépendances au sucre car prise avant un repas, elle masque la sensation sucrée en supprimant le goût. Evidemment, les compléments ne remplacent pas une alimentation variée et naturelle.

Conclusion

      La complexité du SOPK nécessite une approche multidisciplinaire et complète. Pour commencer, un mode de vie sain reste essentiel tout au long de la vie. Ainsi, un suivi naturopathique intégrant la micronutrition, l’alimentation et des compléments alimentaires est efficace pour améliorer la qualité de vie. Grâce à cette vision globale, vous bénéficiez d’un soutien pour établir un équilibre alimentaire individualisé.

Sources :

  1. Gestion du mode de vie dans le syndrome des ovaires polykystiques – au-delà du régime alimentaire et de l’activité physique ↩︎
  2. Syndrome des ovaires polykystiques et douleur chronique chez les femmes en âge de procréer ↩︎
  3. Le rôle de la thyroïde dans le syndrome des ovaires polykystiques ↩︎
  4. Recommandations issues de la ligne directrice internationale fondée sur des données probantes de 2023 pour l’évaluation et la prise en charge du syndrome des ovaires polykystiques ↩︎
  5. Une mise à jour sur le syndrome des ovaires polykystiques : un examen de l’état actuel des connaissances en matière de diagnostic, d’étiologie génétique et d’options thérapeutiques émergentes ↩︎
  6. Avantages potentiels de l’entraînement en résistance pour la santé ↩︎
  7. Suppléments Nutritionnels et thérapies complémentaires dans le syndrome des ovaires polykystiques ↩︎

  « If exercise was a pill, everyone would be taking it. » Prof Norman Lazarus of King’s college London

error: Tous droits réservés