50% des problèmes de fertilité sont liés en partie ou totalement aux hommes [1]. En France, cela correspond à 3,3 millions d’hommes et de femmes, ayant déjà eu un projet d’enfant. Afin de maximiser les chances de concevoir un bébé en bonne santé, un mode de vie sain pourrait améliorer la fertilité du couple. Découvrez les différents facteurs qui favorisent la fécondité masculine de manière naturelle.
Rôle de l’age
L’homme est fertile de manière continue contrairement à l’arrêt de la fertilité chez la femme après la ménopause. Certains hommes peuvent rester féconds à un âge avancé comme l’attestent les paternités tardives d’hommes publiques. Cependant l’âge paternel avancé a des effets négatifs sur les paramètres du sperme, le succès de la reproduction et la santé des enfants nés. Ainsi plusieurs études confirment une relation significative entre le vieillissement et le volume, la motilité, la viscosité du sperme et les dommages à l’ADN du sperme [2]. Le temps jusqu’à la grossesse a été multiplié par cinq pour les hommes de plus de 45 ans. La probabilité de grossesse après un rapport sexuel avec un homme de plus de 34 ans diminue quel que soit l’âge de la femme. Les taux de testostérone commencent à baisser à partir de 30 ans, réduisant ainsi la spermatogenèse. Quant aux hommes de plus de 70 ans, leur niveau de testostérone représente moins des deux tiers de celui des hommes dans la vingtaine.
Spermogramme
Test le plus significatif de la fertilité, le spermogramme permet d’évaluer rapidement s’il y a un problème d’hypofertilité. Le sperme est un mélange de fluides et de spermatozoïdes éjaculé à parti du pénis en érection. Réalisé dans un laboratoire, son recueil se fait par la masturbation après plusieurs jours sans éjaculation. Outre les données des spermatozoïdes, le dosage de certaines substances (zinc, fructose, carnitine) caractérise aussi sa valeur fécondante. En raison des fluctuations normales des paramètres, un second test de contrôle sera pratiqué environ 3 mois plus tard. Ce délai permet d’inclure la durée de 74 jours nécessaire à la synthèse des spermatozoïdes. En cas d’anomalies constatées, il est recommandé de réaliser un examen complémentaire afin d’évaluer les niveaux hormonaux.
Analyse du sperme
Autres Tests diagnostiques
Les causes de ces anomalies spermatiques peuvent être une insuffisance hormonale qui sera déterminé par un bilan lors d’une prise de sang. Ce bilan hormonal comprendra les taux de LH (hormone lutéinisante), FSH (hormone de stimulation folliculaire), prolactine, testostérone (totale et libre). La LH, la FSH et la prolactine sont régulées par des glandes au niveau du cerveau, ces glandes étant elles-mêmes sensibles au stress. Globalement, ces hormones agissent sur la production de testostérone qui stimule la synthèse des spermatozoïdes. Le diagnostic de la varicocèle est d’abord clinique, puis une échographie scrotale sera généralement réalisée dans le cadre du bilan de fertilité. Une analyse d’urine post-éjaculatoire confirme l’éjaculation rétrograde. Des tests de dépistages génétiques peuvent être également envisagés. L’urologue, médecin spécialiste de la fertilité masculine, prescrit les examens utiles.
Causes d’infertilité
Varicocèle, cryptorchidie et maladies génétiques
La varicocèle se définit comme une maladie veineuse caractérisée par une dilatation des veines au-dessus des testicules. Les principaux symptômes sont la douleur au niveau du scrotum et une augmentation du volume du testicule, plutôt du côté gauche. Chez les patients atteints de varicocèle, les résultats des spermogrammes présentent plus souvent des anomalies. Après la varicocèle, les antécédents de cryptorchidie ont été identifiés comme deuxième maladie cause d’infertilité. Il s’agit de l’absence de descente des testicules dans les bourses à la naissance. Parmi les maladies génétiques, le syndrome de klinefelter et la mucoviscidose sont responsables d’infertilité.
Autres causes physiologiques
Dans le cas de l’éjaculation rétrograde, le sperme est éjaculé dans la vessie. Des interventions chirurgicales, la prise de certains médicaments et le diabète peuvent en être la cause. En amont des glandes reproductrices, des dysfonctionnements de l’hypophyse et de la thyroïde entrainent une baisse du taux de testostérone. Ainsi, pour l’hypothyroïdie et l’hyperthyroïdie sont associées à une qualité moindre des résultats du spermogramme [3]. Dans une étude suédoise, les hommes souffrant d’hypospadias proximaux étaient moins susceptibles d’avoir des enfants biologiques et avaient un besoin accru de procréation médicale assistée (PMA). Une obstruction ou une absence du système de canaux (très rare) sont des causes d’infertilité. Les traitements contre le cancer, y compris la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie, peuvent aussi avoir un impact négatif. Les infections du système génital, comme les infections urinaires sont susceptibles d’altérer la fertilité. A signaler, le kyste de l’épididyme n’a pas de conséquences sur la fertilité. Enfin, dans 30% des cas, aucune explication n’a pu être trouvée pour l’infertilité.
Tabac, alcool, cannabis
Souvent, les facteurs toxiques se retrouvent chez les deux membres du couple. Une forte consommation d’alcool occasionne un large éventail de maladies, telles que la cirrhose du foie, de nombreux cancers et des accidents vasculaires cérébraux. Pendant la grossesse, la consommation d’alcool entraîne des complications importantes et des dommages permanents pour le bébé. Une consommation modérée chez l’homme ne modifie pas la fertilité. Le tabagisme, l’exposition à la fumée de cigarette provoque l’infertilité. D’ailleurs, l’arrêt du tabac pendant 3 mois permet d’améliorer le retour à la fertilité. La marijuana (cannabis avec du THC) affecte négativement la fertilité, de manière plus nocive que le tabac et s’élimine plus lentement. Elle entraîne une baisse de la testostérone, et plus d’un tiers des consommateurs de cette drogue souffrent d’oligospermie. Il existe peu d’études des effets de la cigarette électronique mais dans les modèles animaux, elles suggèrent que le vapotage pourrait avoir des effets négatifs.
Conseils
Maintenir un poids sain, gérer son stress, augmenter la circulation sanguine, et d’autres avantages vous seront apportés par l’activité physique et le sport. Le stress, en influant sur l’hypothalamus et l’hypophyse, 2 glandes du cerveau qui régulent les testicules, joue un rôle sur la synthèse de la testostérone. Les sportifs professionnels doivent être conscients des risques liés à une pratique intensive du sport en particulier pour le vélo. Porter des pantalons ou des sous-vêtements trop serrés ne favorise pas la circulation sanguine. L’exposition aux ondes via les téléphones portables proches du corps doit être évitée. Enfin, les perturbateurs endocriniens sont associés à la baisse de fertilité qui se traduit par une prévalence accrue d’hypospadias, de cryptorchidie, de cancer des testicules et d’une qualité inférieure du sperme. Ces produits chimiques se trouvent dans les pesticides, certains plastiques,certains cosmétiques et produits d’hygiène, et bien d’autres objets du quotidien.
Alimentation
Les régimes alimentaires sains sont clairement corrélés à une meilleure fertilité. Plusieurs études relient le surpoids et l’obésité avec une baisse de la qualité du sperme [4]. De plus, de nombreux hommes infertiles avec un poids corporel normal présentent des déséquilibres alimentaires. Une consommation plus élevée de viande transformée et de sucres augmente le risque d’infertilité. En excès, le sucre peut entraîner le développement de l’obésité et le diabète de type 2, qui ont des implications négatives sur la fertilité [5]. Egalement, les acides gras trans, présents dans les aliments industriels transformés et les aliments frits, diminuent la qualité du sperme. Les produits de restauration rapide, les collations sucrées et salées prêtes à l’emploi, et la viande transformée ou rouge sont les principales sources de gras nocifs dans l’alimentation. La consommation de fruits et de légumes à forte teneur en résidus de pesticides, a été associée à une moins bonne qualité du sperme [6].
Les aliments favorables et leurs vitamines
Un régime alimentaire basé sur les légumes et les fruits apporte de nombreux antioxydants, comme la vitamine A, la vitamine C et la vitamine E. La couleur orange signale la présence de la vitamine A ou de la provitamine A. Ainsi la carotte, la patate douce, la citrouille contiennent beaucoup de cette vitamine. Parmi les végétaux riches en vitamine C, on trouve le kiwi, la fraise, les agrumes. La vitamine E est apportée par l’huile d’olive, les amandes et noisettes et l’avocat. Champions des antioxydants, les épices et aromates agrémentent les plats de leur goût savoureux. Parmi les plus abondants en antioxydants, citons le clou de girofle, la cannelle, l’origan, le persil, le basilic, le gingembre, le poivre, le thym et l’ail. Aussi une tisane avec des clous de girofle et du gingembre vous apportera beaucoup d’antioxydants. Pour les apports en oméga-3 essentiels, on mangera des petits poissons gras tels que sardines, maquereaux et harengs.
Plantes
Facteur contribuant pour moitié à l’infertilité du couple, l’hypofertilité masculine a suscité des études sur l’efficacité des plantes pour la traiter. Différents chercheurs ont rapporté que l’ashwagandha (appelé aussi ginseng indien) est bénéfique dans le traitement de l’infertilité. De même, l’huile de graine de nigelle a amélioré la qualité du sperme chez les hommes infertiles dans deux études. Pour le ginseng (panax ginseng), deux études ont décrit également une amélioration de la spermatogenèse. Les bienfaits du maca (lycopodium) sont vantés dans le monde entier, cependant pour la fertilité masculine, les essais ne sont pas très probants. Plus significatives, les études sur le pollen de dattier montraient des changements positifs dans les niveaux d’hormones masculines. Globalement, les antioxydants très présents dans ces plantes médicinales participent aux résultats sur le traitement de l’infertilité.
Compléments alimentaires
La diminution de la valeur nutritive des produits naturels peut impliquer une supplémentation en différents compléments. Le niveau de zinc dans le plasma séminal est lié à la qualité du sperme. Les données montrent que l’état de stress oxydatif est plus élevé chez les patients avec une mauvaise qualité de sperme. Aussi, en plus du zinc, les autres antioxydants étudiés sont le sélénium, la coenzyme Q10 (CoQ10), la N-acétylcystéine, précurseur du glutathion, et les vitamines A, C, E. Les résultats contrastés ne permettent pas de connaître la dose optimale à donner. Il s’agit de respecter l’équilibre naturel du corps pour éviter les effets indésirables [7]. Les études sur l’arginine et la carnitine suggèrent aussi des effets bénéfiques. Pour terminer, la vitamine D3, la vitamine B9 (acide folique) et la vitamine B12 utilisées en supplément ont amélioré la qualité du sperme.
Acupuncture
Branche de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), l’acupuncture stimule des zones spécifiques du corps avec des aiguilles placées sur des méridiens. Les méridiens constituent un réseau de voies dans le corps qui permettent la circulation du « Qi », l’énergie vitale. Selon la MTC, les interruptions de cette circulation causent les maladies. La stimulation électrique transcutanée et le laser sur les points d’acupuncture sont des extensions modernes de l’acupuncture. Quelques études montrent une amélioration des paramètres du sperme, du flux sanguin testiculaire et aussi une amélioration en cas de varicocèle. La petite taille des échantillons, moins de 100 personnes, des résultats parfois identiques à une acupuncture placebo, rendent les résultats insuffisants pour être concluants. Cependant, dans un suivi réel, la sélection des points d’acupuncture est généralement basée en fonction des symptômes des patients contrairement au protocole non personnalisé des essais. Des rapports de cas signalent une grossesse spontanée suite à l’utilisation de l’acupuncture avec un suivi de soins traditionnels.
Conclusion
Face à la baisse de la fertilité, il n’existe pas de remède miracle mais un ensemble de solutions qui, grâce à leurs effets cumulatifs, vont globalement améliorer la situation. Cette situation inclut les hommes et les femmes touchés à part égale dans l’hypofertilité. Cette amélioration passe par une meilleure hygiène de vie, dont l’alimentation.
Partagez !
« La force de guérison naturelle en chacun de nous est la plus grande force pour se rétablir. » Hippocrate
Sources
[1] Infertilité définition et épidémiologie. -[2] Relation entre l’âge de l’homme, la qualité du sperme et les dommages à l’ADN du sperme. -[3] La fonction thyroïdienne dans l’infertilité féminine et masculine. -[4] IMC en relation avec le nombre de spermatozoïdes. -[5] Régime alimentaire et système reproducteur humain. -[6] La consommation de fruits et légumes contenant des résidus de pesticides faibles à modérés est positivement associée aux paramètres de qualité du sperme chez les jeunes hommes en bonne santé. -[7] Potentiel d’oxydoréduction du sperme quel est son rôle dans le traitement de infertilité masculine. -[8] Source : Feng J, He H, Wang Y, Zhang X, Zhang X, Zhang T, Zhu M, Wu X and Zhang Y (2022) The efficacy and mechanism of acupuncture in the treatment of male infertility: A literature review. Front. Endocrinol. 13:1009537. doi: 10.3389/fendo.2022.1009537